Au milieu de la végétations des murets et des bornes d'anciennes plantations, des divinités cachées surgissent à chaque détour... marquées d'un tiki, d'un pétroglyphe... ou simplement d'une pierre
Pétroglyphe
Parfois c'est plus confus
Cet art du tracé que possèdent spontanément beaucoup de Marquisiens, leurs ancêtres l'appliquèrent au bois et à d'autres matières nobles dont la pierre. Mais celle-ci livra tardivement ses secrets aux curieux.
En effet, au moment
du premier et seul effort d'inventaire entrepris systématiquement dans ces îles
il y a plus de soixante-dix ans (par des chercheurs américains du Bernice Pauahi
Bishop Museum), R. Linton plus spécialement chargé de l'aspect archéologique
constata l'existence de motifs gravés sur des rochers parallèlement à un travail
de sculpture en rond de bosse associé à la construction.
Ces pétroglyphes, parmi les tout premiers signalés, étaient encore si peu
nombreux qu'ils furent considérés comme un phénomène superficiel mais
intéressant par les possibilités de rapprochement, faits à cette époque avec des
cultures de l'Indus et de l'Ile de Pâques.
Des recherches récentes ont révélé leur richesse : Hatiheu notamment, sur
la côte nord de Nuku Hiva, compte à elle seule autour de deux mille
cinq cents figures réparties sur plus de quatre cents rochers.
Les quatre motifs les plus représentés dans l'archipel, communs à la fois au tatouage et à l'art rupestre, sont les figures anthropomorphes, les visages et cercles concentriques, mais les courbes concentriques ouvertes, très importantes dans le tatouage, sont rares.
La majorité des représentations semble localisée autour de lieux de réunion : les tohua, mais sont également associées à des sites sacrés et parfois à des espaces à vocation horticole. Leur variété, et ces associations, suggèrent leur importance mais leur sens est loin d'être élucidé et leur datation pose problème. Il est probable toutefois qu'il s'agit d'une tradition très ancienne qui s'est perpétuée jusqu'à l'arrivée des Européens : des navires sont représentés en petit nombre. Ces images perdirent sans doute une part de leur sens au cours des âges, un peu comme le tatouage, et, là encore, la terrible chute démographique n'est pas sans conséquence puisque pratiquement aucune tradition les concernant ne subsiste.
exemple de tiki
Restes de terrasses et de plantations parfois dévouées aux fleurs
Flamboyant
A l'origine, Tiki,
désigne un dieu de la génération ou premier humain... Par extension
Son nom désigne toute image ou représentation, des statues au
tatouage.
Il fut bien naturellement patron des sculpteurs qui instituèrent un archétype
marquisien de l'homme parvenu à l'état divin -etua : divinité, dont la
représentation est appelée tiki ; ses proportions symbolisent puissance,
beauté et abondance. Ce canon se retrouve dans les statues de bois ou de pierre
des lieux sacrés, monoxyles ou monolithes de plus de deux mètres parfois
jusqu'à
ces miniatures en os que sont les ivi po'o ;
toutes sont considérées comme l'image d'ancêtres légendaires qui devenait
réceptacle divin lorsqu'elle était "éveillée" par celui qui en avait le pouvoir,
membre d'une famille pour les plus humbles, prêtre du site sacré pour les plus
importants.
Ce type si particulier se caractérise par un corps structuré en trois parties
sensiblement égales. La tête, particulièrement importante, symbolise la
puissance sacrée qu'elle abrite ; deux traits y sont
exagérément agrandis :
les yeux et la bouche.
Le regard, plus ou moins en amande, exprime le pouvoir surnaturel qui sait, voit
et transcende. Souvent une ligne plus ou moins spiralée, simple ou double, s'y
rattache et dessine les oreilles qui évoquent peut être savoir et sexualité
alors que le nez, aux narines bien marquées, évoque le souffle, énergie de vie.
La bouche étirée, qui laisse parfois
entrevoir la langue, exprime
la force qui défie. Son tracé reproduit une grimace de provocation faite à
l'encontre de
tout humain ou d'une force
maléfique ; cette assurance de vaincre marque la capacité à protéger.
Si les dents apparaissent, comme c'est parfois le cas sur des têtes isolées
notamment, K. von den Steinen en accord avec les récits anciens penche pour y
voir la représentation de victimes importantes offertes en sacrifice ; ce rictus
est aussi celui des têtes momifiées de captifs maoris.