Les cérémonies du Maraké avaient commencés
lundi 28, mardi 29, Mercredi 30 Août
Ouf ! Nous voilà revenu et le Kalliste est toujours là...un peu moisi... un peu poisseux mais qui se balance doucement comme heureux de notre retour
Un retour "in a hurry..".
Il avait fallu de longues étreintes silencieuses, arrosées de
chaudes larmes qui
brûlaient la peau pour distendre et enfin rompre les liens que nous avions tissés sans même nous en
rendre compte avec tous nos amis du village...
Un dernier" hasta luego"... alors que résonnaient déjà les tambours et les
flûtes
de la fête du maraké [1]
nous leur avons promis de revenir... de leur envoyer des photos... de leur
écrire...
nous leur avons surtout dit un immense MERCI !
Bien sûr tout cela paraissait quelques grains de sable dans une
immensité de désespoir
mais l'école reprenant, l'internet s'installant ...ou du moins les mails... pour correspondre....
nous serions moins séparés...
... et puis dans quelques mois nous reviendrons !
Nous ne pouvions câliner tout le monde... tant il est vrai que j'ai pu vérifier que
c'est en serrant un être dans ses bras,
en lui livrant son propre corps contre sa peau que l'on peut mutuellement
échanger et communiquer sans bruit de mots ni dit de paroles
en un mot sans filtres
mais corps à corps
coeur à coeur
être à être
ce qu'on veut vraiment dire ou échanger...
ce que l'on veut laisser de soi même... de douleurs... de joie... de
souvenirs... de reconnaissance... d'oublis aussi
Tous se sont inscrits dans notre coeur
et ne s'effaceront jamais...
et
à chaque petit déjeuner... la bonde ...chez nous débordera pendant longtemps...
Nous avons longuement parlé aux hommes et spécialement au chef et dit combien nous avions apprécié son accueil...
très émus il répondit simplement : "reviens vite hémit avant qu'on ne soit trop vieux !...d'ailleurs tu sais maintenant le chemin de notre coeur... nous aussi nous avons besoin de toi !"
- "Sûr je te donne ma parole grand chef !" ( si tu savais comme nous aussi on a besoin de vous !)
Avec les ados ce fut plus facile en apparence et puis la présence de Pulpoli et d'Etiplo encore quelques jours avec nous ( ils nous accompagnent jusqu'à Cayenne) semblait un cautère apaisant
Pour les anonymes et les autres...
ainsi que pour ceux peut-être que nous reverrons jamais ...la
poignée de main, l'étreinte, nous obligea à une longue "tournée des popottes...."
alors que les tambours et la fête résonnaient de plus en plus fort et que de partout sortaient des
greniers les tuniques colorées... et les plumes de fêtes.. .et que le cachiri
commençait à couler !!!
pour le Maraké ! [1]
Holok coiffure traditionnelle de ceux qui passent le maraké
Pour Nat ce fut très dur ...
mais le chef et sa famille avaient su l'y
préparer sagement toute la soirée... et certainement la nuit dernière...
l'air absent... comme drogué ...il embarqua le premier visage fermé pour ne pas
pleurer....
avec deux perroquets apprivoisés dernier don de "son papy"
et ce n'est qu'après quelques minutes de route alors que déjà le village
avait disparu derrière le méandre du premier saut qu'il se précipita dans mes
bras et y déversa toute sa détresse.. toute sa peine en des cris déchirants....
...4 heures plus tard la
source était tarie... et mon tee-shirt trempé...
et à
notre arrivée au carbet où nous avions rendez-vous avec G+G nos piroguiers bonis
, Etiplo et Pupoli l'emmenèrent
faire un petit tour de forêt... aussi émus et tristes que lui....
ils partaient
eux aussi
pour une longue année scolaire chez les palississi...
loin de la forêt si importante pour eux !
Ce fut notre maraké...
comme toujours nous ne supportons
point les départ et les séparations...
la fatigue n'a fait qu'aggraver les choses...
heureusement bientôt l'océan cautérisera les blessures...
Le lendemain après
une bonne nuit de sommeil G+G étaient fidèles au rendez vous convenus surpris de nous voir embarquer deux
jeunes indigènes... et quelques animaux en plus...
comme nous étions pressés nous descendîmes le fleuve ( dans le sens du courant
il est vrai) en deux journées et
étions rendus à St Laurent après une nuit d'étape sous carbet entre Apatou et
Grand Santi...
notre dernière nuit en forêt ?
.
Arrivé au bateau nous les avons invité sur le Kalliste manger quelques réserves......
C'est Igor qui était heureux de retrouver son chez-soi !
Repartis au matin ils ont dormi
sur le pont du bateau
qu'il a fallu réarmer...
cela a pris toute la journée du mercredi pour aller
chercher l'électronique que nous avions mise à l'abri en ville et nous avons déjeuné avec de bonnes gambas à St
Laurent avec nos amis bonis... et leur avons dit aussi à l'année prochaine pour
un long séjour ...si
dieu le veut !
Oh c'est pas trop l'entente entre les wayanas et les bonis... mais entre jeunes c'est plus facile... et puis chacun se respecte est c'est bien comme cela [2]
Nous sommes un peu serrés
désormais mais nous avons installé nos "deux étudiants" à
l'avant dans la chambre de nat et jess... il seront bien...
J'ai pris les enfants dans mon carré...et Guy et Cannelle ont gardé leur
cabine...
Le problème est plutôt pour le petit singe "chtimi" qui nous avons attaché
dans le cockpit et se demande bien ce qui lui arrive et les perroquets bruyants à souhait qui eux aussi sont
dehors...et inquiets...
cela risque de nous poser quelques problèmes de douane.. . nous les
ferons vacciner à la Barbade pour éviter les problèmes... à moins que Guy ne les garde pendant notre absence de cet hivers.. en souvenirs aussi...
nous verrons
Voilà... les "check-list"
du départ s'achèvent et tout fonctionne à peu près...
la météo est ok m'a dit Jess même si nous n'avons pas de vent... ni de houle
nous allons donc naviguer au moteur vraisemblablement jusqu'à Cayenne
...nous allons lever l'ancre il est déjà 18heures... et la nuit tombe sur le
Maroni
A Antecum pata les
premiers feux du soir doivent s'allumer dans les chuchotement et les bruissement des chaumines
la forêt doit commencer sa symphonie de nuit ponctuée de cris d' oiseaux
et de singes hurleurs..sur fond de crapauds buffles
Nos petits amis aux yeux luisants et au sourire
indéfectibles ne viendront
pas nous voir ce soir
Etiplo et Pupoli les remplaceront eux qui se serrent eux aussi contre nous
dans le cockpit un peu impressionnés et inquiets c'est leur première aventure en mer
Jess a lancé le moteur avec succès sous les hourrahs ! et les aboiements d'Igor
et j'actionne la levée de l'ancre
Igor pleurniche un peu ...et nous avons tous des larmes pleins les yeux
Jess prend le premier quart je ferai la nuit
nous mangeons tous ensemble alors que défile le paysage illuminé
Nat a retrouvé et m'a apporté la guitare histoire de se donner du courage
un ti pounch pour tous...
demain c'est Jess qui donnera des nouvelles
la nuit étoilée et la lune veillent sur nos amis indiens...
et nous portent dans les mêmes rêves...
pour l'éternité
ff+
Que voulez-vous faire maintenant ?
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[1] Maraké
C'est une cérémonie qui introduit dans le domaine du rituel, du chant, de la musique.
L'individu se perd de façon non-naturelle, puis est plongé dans un état modifié de conscience : ses errements en une forêt mytique et symbolique lui permettent d'assimiler, par le truchement de divers animaux qui en jouent à son intention toutes les scènes, non seulement le rituel de l'initiation avec la musique et les chants appropriés, mais des séances de soins par incantations.
.
Les êtres humains, dotés de paroles et de règles de comportement,
apprennet ainsi comment initier les jeunes gens qui concrètement implique des
danses, de la musique et des chants. ou plutôt des incantations. Les chants
Kalau sont plus préciséments liés à ce rituel. ( nous en parlons par
ailleurs)
Quant aux invocations thérapeutiques, ou demi. dont le sens général est «
chants », elles sont un moyen semi-profane de guérir les maladies - celles qui
n'impliquent pas les esprits - ou bien de soulager des symptômes gênants : si
l'on en croit un récit, elles ont été offertes aux hommes par une source.
Autrefois la cérémonie s'étalait sur plusieurs mois et comprenait, à l'issue de
plusieurs fêtes cérémonielles concertées, quelques grandes étapes :
1) les jeunes
quittent leur village pour aller s'isoler sans parler et fabriquer des vanneries
dans un village partenaire qui les traite comme des animaux familiers : c'est
l'étape des momai
2) ils reviennent au village où aura lieu l'initiation;
3) à la suite de libations considérables accompagnées de chants rituels (Kalau)
et non rituels et de danses où tous les Wayana sont réunis les impétrants, ou
tëpijem, dépouillés de leurs superbes parures familiales de plumes (olok),
sont offerts, peu avant le lever du soleil, aux piqûres d'insectes mordeurs ou
piqueurs insérés dans des vanneries (kunana) ;
4) ensuite, ils sont rasés, isolés et mis à la diète absolue pendant
environ une semaine.
Après cela, ils pourront reprendre très progressivement le régime
alimentaire ordinaire.
Les filles sont initiées dès les premières règles, les garçons à l'apparition
des premiers caractères sexuels secondaires. Plus tard, les adultes peuvent être
à nouveau piqués afin de montrer à tous leur stoïcisme devant la douleur, mais
aussi pour se débarrasser de la crasse morale (wïpïlï) que les mauvais actes
qu'ils ont pu accomplir ont laissés sur eux :on utilisera alors d'autres
variétés d'insectes.
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[2]
Depuis près de deux siècles, ces deux groupements si différents par la race et
la culture entretiennent des relations de bon voisinage, comportant l’idée d’une
complémentarité, et presque de symbiose.
Progressivement fixées par l’usage, elles ont pris racine dans la
tradition de l’un et de l’autre groupe, et demeurent très vivantes de nos jours,
bien que la base commerciale sur lesquelles elles reposaient ait été
profondément altérée.
Ces relations ont pris naissance au cours du dernier quart du XVIIIe siecle,
quand les Boni, refoulés par les troupes hollandaises, battaient en retraite le
long du Maroni (1772-1793). Apres la mort de Boni (1793) les survivants, groupes
autour de son fils Agossou, se réfugièrent dans le Haut-Marouini.
Ils n’auraient pas tenté cette manoeuvre s’ils n’avaient été certains de trouver
là des alliés : les
Wayana, etablis sur cette rivière depuis plusieurs dizaines d’années .
Selon la coutume des Noirs Réfugiés, le bassin supérieur du fleuve est le
domaine personnel du grand man. En vertu de ce principe, les Boni ont été amenés
à considérer les Wayana du Litani comme vassaux de leur grand man.
Il est certain d’autre part qu’ils ont cherché à se réserver le monopole de
leurs échanges commerciaux, en les empêchant de descendre le fleuve en aval de
leurs établissements.
Le grand man des Boni interdisait également aux Wayana de faire du canotage de
transport à la façon des Boni .
Ces dispositions n’ont jamais pris un caractère vexatoire. Les Boni ont toujours
eu soin de ménager la susceptibilité des Wayana, et il ne faut pas se
représenter les relations des deux groupes en termes de dépendance.. Elles
étaient fondées au contraire sur le respect absolu par chaque groupe des
croyances et de la structure sociale de l’autre.
Bien que ces relations aient connu des périodes de tension ( on parle même de
guerres) , les Wayana n’ont jamais, comme l’ont écrit à la légère plusieurs
voyageurs,été soumis a un régime d’oppression qui leur eut paru aussi absurde
qu’intolérable, et auquel ils auraient mis fin aussitôt en retournant s’établir
sur le versant brésilien.
Chaque Indien avait chez les Boni un associé auquel il réservait, au moins en
principe, la totalité de ses échanges. Cette association était en principe
conclue pour toute la vie. Les Boni très supersticieux hésitaient a la rompre,
de peur de susciter la vindicte de l’associé, et d’être éventuellement victimes
de maléfices.
Les Indiens fournissaient des hamacs, des flèches, et surtout des chiens dressés
pour la chasse, auxquels on attache une grande valeur, contre des objets
d’importation, outils et perles,et des canots. Ces échanges, toujours très
compliqués, portant en partie sur des chiens encore a naître contre des canots
qui restaient à construire, n’étaient pas exempts d’une certaine filouterie
réciproque, et n’aboutissaient parfois qu’après des années de négociations
toujours menées avec beaucoup de patience.
Les Boni fixaient un taux d’échange qui leur était en apparence très avantageux
et pouvait même passer pour usuraire, mais cette pratique était en partie
justifiée par les aléas de ce commerce; souvent en effet les Indiens
n’exécutaient leurs engagements qu’en partie ou prétextaient un naufrage sur une
rivière du versant
brésilien pour ne rien rapporter en échange des marchandises de traite reçues
d’avance. Leurs partenaires Boni ne disposaient d’aucun recours; ils ne se
fâchaient pas, et ne changeaient pas d’associés pour autant, sachant bien que de
la part d’un autre, ils auraient éprouvé les mêmes mécomptes.
Ce commerce a beaucoup perdu de son importance, depuis que les Indiens ont
acquis l’usage de l’argent et ont la possibilité de vendre directement leurs
produits aux commerçants créoles, mais il n’a pas disparu. Beaucoup de Wayana
conservent un associé Boni avec lequel ils font quelques échanges, et chez
lequel ils viennent s’établir avec femmes et enfants quand ils descendent en
pays Boni, notamment à l’occasion de fêtes.
Le grand man invitait en effet les Wayana aux fêtes de lever de deuil, et
parfois aux grandes pêches à la nivrée.
On doit noter que les Boni évitaient de soûler les Indiens, et que ces
visites en groupe ne donnaient jamais lieu à des rixes et à des désordres comme
il s’en produit pour ainsi dire chaque fois
que les Indiens viennent en grand nombre dans un établissement européen ou
créole. En particulier, jamais les Boni n’ont essayé d’enivrer les Indiens pour
abuser de leurs femmes,comportement habituel des "civilisés" dans l’ensemble de
l’Amazonie forestière.
Outre qu’ils ont très peur de la magie indienne, les Boni sont une
population hiérarchisée, agissant selon
des principes rigoureux. Celui qui se comporterait ainsi serait mis au ban de la
société.
Chacun considère les défauts de ses associés sans indulgence, mais il évite de
les juger selon les normes de son propre groupe.
Si l’on demande à un Boni ce qu’il pense des Indiens, il répondra qu’ils sont
quémandeurs,menteurs, infidèles à leur parole, sans éducation et sans moeurs,
mais qu’il faut les supporter parce que c’est ainsi que Dieu les a faits, et
qu’ils ne peuvent se changer; et qu’au total, on est habitué; à eux et qu’on les
aime bien tout de même.
mais les Boni se sentent supérieurs par leur force physique, leur efficacité et
leur organisation, ils admirent les Wayana pour leur habileté, leur connaissance
intime de la forêt et craignent les pouvoirs magiques de leurs chamans.
Sûrs d’eux, ne craignant rien de la brousse, ne s’égarant jamais, chasseurs
et pêcheurs hors ligne, les Indiens leur paraissent doués de facultés
particulières ;
Les Boni ont très peur de la magie indienne .Aucun d’eux n’oserait mécontenter
gravement un Indien, et même s’il s’estime lésé, dans la plupart des cas il
n’osera pas se plaindre.
Quant aux Wayana, ils ne portent aucun jugement sur les Boni, et se contentent, selon leur habitude, de se moquer de leurs travers. Ils leur ont donné le nom de neeleolo, un étrange poisson a peau noire . En fait, ils les estiment et ont confiance en eux.
Les mariages intertribaux ont été: très rares; quatre seulement à notre
connaissance,
dont les descendants, au nombre d’une demi-douzame, vivent tous parmi les Boni.
Ces unions
sont mal vues dans les deux groupes, principalement semble-t-il, en raison de
l’opposition
des croyances et de la culture spirituelle.
Sur la plan de la culture matérielle, les Noirs Réfugiés doivent beaucoup aux
Indiens,
il est difficile de départager ce qu’ils avaient emprunte aux Galibi et aux
Arawak du
littoral, avant même de s’être libérés du joug de l’esclavage, et ce qu’ils ont
emprunté
depuis aux Wayana. Leur agriculture et la préparation de leurs aliments sont
fortement.
influencées par les techniques indiennes, bien qu’ils aient conservé un stock de
plantes cultivées
en partie d’origine africaine. Ils ont emprunté aussi certains usages
vestimentaires, comme le
port du kalimbe pour les hommes, du pagne des jeunes filles,et l’usage du hamac.
Les Boni craignent et respectent leurs ancêtres, auxquels les Wayana n’attachent aucun pouvoir. Ils sont divisés en lignage exogamiques alors que les Wayana pratiquent l’endogamie, ils se réjouissent de la naissance de jumeaux alors que tous les Indiens de Guyane la redoutent, etc.
Les Boni redoutent beaucoup, nous l’avons dit, la magie indienne, mais c’est
parce qu’elle
leur paraît correspondre exactement a l’action du wisimâ (sorcier) dans leur
propre systéme.
La conception que les Wayana se sont formés du principe vital akwali de la
personne humaine
se trouve en effet correspondre très sensiblement a celle de l’akkaa chez les
Noirs Réfugiés.
II n’y a donc pas sur ce point d’emprunt culturel à proprement parler.
Les esprits de la nature, yolok, si redoutés des Wayana, demeurent indifférents
aux
Boni; quant aux Indiens, ils n’ont aucun souci des entités redoutées par
ceux-ci, et abattent
sans crainte les arbres où elles sont supposées résider. C’est seulement dans la
conception,
vague et multiforme, que les Noirs Réfugiés se font des esprits des eaux, qu’on
peut relever
un emprunt aux Indiens.
Même dans le domaine de la musique, presque rien n’a été échangé. Les Boni ont
adopté
les graines sonores, kawai, que les Indiens fixent a leur bâton de danse enep,
mais ils ne les
fixent qu’aux chevilles. Leur instrument de musique demeure le tambour, tandis
que les
Wayana demeurent fidèles a la flûte et aux trompes. Rien, dans le rythme et la
mélodie, n’a
passé d’un art musical à l’autre.
Que voulez-vous faire maintenant ?