Deuxième étape...: une méditation de posture

 

Nous nous faisons souvent de grandes illusions quant à notre relation avec l'Ultime ou la Réalité Vraie car nous pensons qu'elle ne dépend que de notre intention...
pourtant un jour vient où nous sommes forcés d'admettre que malgré toute notre bonne volonté quelque chose au fond de nous  résiste, se cabre et nous empêche d'aimer pleinement...
c'est ainsi que notre "ombre" ,notre subconscient ou notre inconscient se révèle...

Seule  la contemplation nous apprend a écouter l'Essentiel fondement des choses et par la même occasion tous nos semblables...
il faut beaucoup de calme intérieur pour ne pas être d'accord avec son interlocuteur tout en restant centré sur lui ...centré sur son Être ou sa Présence ...( il en serait de même avec nos proches)

Ainsi  les exercices de contemplation servent à apprendre à écouter
apprendre à écouter,
apprendre à saisir, 
apprendre à accepter ce qui est ...
et à nous en imprégner

ce qui est en nous même
de nous même
en les autres
des autres aussi

Seule la contemplation nous apprend à nous détacher de toute notion de performance, de résultat ou d'utilité

apprendre à nous détacher de nos propres préoccupations...
apprendre être présent pour l'Être, simplement...
sans désir
sans souci
sans objectif
sans intention
sans intérêt
sans pensée
sans activité

Celui qui parvient à ainsi a être présent le sera assurément pour Dieu et son prochain ...
car ces deux relations ne font qu'une et la prière contemplative est la meilleure école pour rencontrer soi même, l'autre...et les autres...en vérité

La fois dernière nous avons appris de  la nature... et vous avez peut-être pu grâce à elle trouver le vrai calme et accéder à la perception vraie des choses et des êtres...
aujourd'hui je vous invite à une méditation de posture : à genoux ou assis

Pour cela il vous faudra choisir une pièce silencieuse où vous ne serez dérangé ni par le téléphone, ni par le visiteur, ni par les livres...
une pièce ou un recoin qui ne servira qu'à cela
et que vous décorerez peut-être pour cela

Vous vous recueillerez également mieux en étant assis ou agenouillé... mais adoptez la position qui convient vous aidera à être calmes et éveillés. 

 On pourrait remplir des pages et des pages sur la position appropriée. 
Je pense qu'il est inutile de s'étendre trop longuement sur ce point. On en oublierait très vite l'essentiel....( et nous y reviendrons ultérieurement quand vous aurez pris goût à cet exercice) 
Contentez vous dans un premier temps de respecter  quelques règles de base 

 Le plus important dans la position assise ou à genoux, c'est de garder le buste bien droit. 
Si l'on veut trouver le calme, le corps doit adopter une position qui n'exige aucun mouvement pendant un laps de temps assez long.
Or en position courbée, la posture ne peut être maintenue qu'au prix de gros efforts musculaires.

Le corps est le reflet de l'âme...aussi les personnes dépressives courbent le buste, alors que les gens enthousiastes et dynamiques le dressent, facilitant ainsi l'écoulement des forces dans tout le corps et l'âme.  C'est une des raisons pour lesquelles une position droite est si importante en méditation.

On distingue plusieurs façons de s'asseoir ou de s'agenouiller.
 Vous pouvez par exemple vous asseoir sur une chaise en posant les deux pieds à plat sur le sol, de telle sorte que la distance entre les pieds corresponde à la distance entre les hanches.
 La surface sur laquelle vous êtes assis(e) devrait être surélevée de telle sorte que vos cuisses soient bien horizontales. 

Ne vous penchez pas... ou alors seulement dans la région du bassin. Les lombaires et le buste bien droit, sans cependant être raide.

Vous pouvez aussi vous agenouiller sur un banc de méditation. Veillez simplement à ce que votre buste soit toujours
vertical. 

Autre possibilité : se constituer un siège avec des couvertures de laine ou des coussins... vous réaliserez alors un très bon siège abaissable ou relevable selon les dimensions ou le confort de chacun.

Les méthodes de méditation orientales préconisent elles les postures en lotus. Je ne peux vous les
conseiller que si vous avez déjà une certaine expérience....
N'apprenez pas ces postures maintenant, car cela prendrait beaucoup trop de temps.
 Au début, les postures que je vous ai décrites suffisent. (  comme je l'ai dis je consacrerai ultérieurement un chapitre sur elles)

Par ailleurs il est utile de pouvoir changer de posture de temps à autre car lors de l'initiation à la prière contemplative, il est possible que nous restions plusieurs heures assis ou agenouillés ...et changer de posture après chaque unité de méditation empêche l'apparition de douleurs physiques liées à une certaine position


Alors ? Vous êtes bien installé ?


Calmement et doucement  prenez conscience de votre corps.
Demandez-vous comment vous le ressentez. 

Peu importe que vous répondiez à cette question.
Cette question ainsi que les suivantes ne servent qu'à aiguiller vos sens vers le moment présent....vers votre attitude présente...

 Parcourez votre corps rapidement en deux ou trois minutes... et arrêtez-vous pendant trente secondes sur chacune de ses parties : le contact des pieds ou des jambes avec le sol, le postérieur, le buste, les mains, le visage.

Demandez-vous ensuite si vous êtes prêts à commencer les exercices....?

Si Oui soyez essentiellement attentif aux voies respiratoires.

 Pour vous guider concrètement, je vais énumérer ce que vous pouvez, dans l'ordre, percevoir : 

Soyez attentif à votre respiration. 
L'
air entre et sort. N'influencez pas ce processus. ...

Il ne s'agit pas d'agir mais simplement de percevoir. 
Peu importe que votre respiration soit calme ou agitée, légère ou profonde, régulière ou irrégulière.
Prenez  en simplement conscience, conscience de la manière dont vous respirez, 

Vous respirez par le nez? 
Dans ce cas, soyez attentifs aux cavités nasales dans lesquelles l'air s'engouffre....
Essayez de sentir le mouvement de l'air sur les parois latérales intérieures de votre nez. 
Au lieu de respirer plus profondément pour sentir davantage, tendez vos « oreilles intérieures » pour mieux percevoir ce qui se passe dans le nez. 
Faites-le pendant trente secondes, par exemple.

Puis  à tour de rôle. Posez-vous les questions suivantes :
Comment est-ce que je ressens les parois internes de la partie inférieure du nez? ( la réponse encore une fois est inutile...seul le questionnement importe pour mettre sur la voie)

-Allez un peu plus haut : comment est-ce que je ressens les surfaces internes de la partie moyenne du nez ?
l'air qui entre est plus froid, celui qui ressort plus chaud : est-ce que je perçois cette différence de température ?

-Comment est-ce que je sens le mouvement de l'air dans la partie supérieure du nez ?
Suivez le trajet emprunté par l'air lors de la respiration. Il continue de monter puis redescend vers l'arrière, presque entre les deux yeux. Est-ce que je sens ce mouvement ?

Si vous perdez le fil de votre respiration, ce n'est pas grave....
 Continuez d'écouter attentivement en vous et essayez de sentir le trajet de l'air lors de la respiration
 Ce qui importe dans un premier temps, ce n'est pas de pouvoir percevoir les endroits indiqués, mais Plutôt d'apprendre à écouter attentivement.


- Continuez...avancez millimètre par millimètre et tentez de suivre le trajet de l'air vers vos poumons...
Il descend ...et arrive lentement de l'arrière dans la cavité buccale, bien plus grande et bien plus connue.
- Un peu d'air pénètre-t-il dans la cavité buccale ?

-Ecoutez attentivement à l'intérieur de votre pharynx. Comment est-ce que je perçois le mouvement de l'air dans le pharynx?

-Dirigez-vous à présent vers le larynx. ...La distance est longue.... Avancez millimètre par millimètre.
- Comment l'air passe-t-il par le larynx ?

- Suivez le trajet de l'air vers les bronches, en passant par la trachée.

-L'air se répand dans les poumons par l'intermédiaire des bronches. Comment est-ce que je perçois ces dernières ?

-Nous voici à présent dans les poumons. Comment est-ce que je les ressens ?

-Concentrez-vous maintenant sur les côtes. Elles bougent avec votre respiration. Comment percevez-vous le mouvement de vos côtes ?

- Le diaphragme limite la cage thoracique par en dessous. C'est le « moteur » de la respiration.
 Il bouge vers le haut et vers le bas. Comment est-ce que je le ressens ?

- Laissez votre attention descendre un peu plus bas. Essayez de sentir juste en dessous du diaphragme dans quelle mesure les organes sont poussés vers le bas avant de retrouver leur état initial.

- Laissez descendre votre attention encore plus, jusqu'au milieu du ventre et essayez de percevoir le mouvement de va-et-vient du ventre pendant la respiration.

Attardez-vous-y quelques instants, en étant très vigilants. !
- Essayez vraiment de savoir ce qui se passe.
- Ne vous éloignez pas du sujet.


Telles sont les caractéristiques de la méditation : être tout à fait vigilant, par pur intérêt et de manière conséquente.

 Cet exercice devrait durer vingt à vingt-cinq minutes. 

Je vous conseille de parcourir attentivement la liste des endroits précités jusqu'à ce que vous ayez parfaitement assimilé leur ordre de succession. Ainsi lorsque vous commencez les exercices proprement dits, ne regardez plus le texte.

 Vous pourrez également sentir les endroits indiqués sans lire et les yeux fermés. 
Continuez de percevoir les différentes parties de votre corps jusqu'à ce que vous ne sentiez plus l'envie de continuer, mais préfériez en rester là....là où vous en êtes...

 Vous pouvez toutefois enregistrer le texte sur bande magnétique en observant une pause de trente secondes entre les questions. Pour les exercices, laissez la bande défiler.


Si vous pratiquez les exercices lors d'une retraite par exemple, faites-les au moins huit fois. Cela prendra toute une journée ! 
Vous pouvez faire les exercices une fois avant le petit déjeuner, trois fois avant midi, trois fois l'après-midi et encore une fois le soir. En dehors de ces exercices, je vous recommande de passer la journée dans la nature, comme vous en aviez l'habitude au cours du premier temps. 
Ne lisez rien.
N'écrivez rien

Mais si vous faites les exercices dans la vie courante et ne disposez que d'une ou deux heures par jour, il est nécessaire que vous pratiquiez les exercices deux fois plus autrement dit seize fois. 

Vous pourrez vous-même juger si vous êtes assez détendu pour poursuivre les exercices sans pression ou impatience et si vous aimez vous attarder sur les différentes parties de votre corps.... 

Ce n'est pas une perte de temps. ...il faut que la pression disparaisse...
il faut que vous aimiez vous attarder sur votre corps...
que vous aimiez ce temps à lui consacré...
ce sera pour vous le critère que vous êtes sur la bonne voie

Entre les exercices, je vous conseille de sortir dans la nature ou de prendre un bon bol d'air frais. C'est possible, même en ville

Ainsi dans la méditation tout se passe comme dans la vie courante...SAUF...
sauf qu'ici dans le silence on LA regarde à la loupe...
très conscients de ce qui se produit en nous à chaque seconde...
sans que nous en ayons le "contrôle" ou la consciense...
une invitation pour apprendre à laisser faire notre nature?...

Les" représentations" réduisent à néant tous les efforts que nous faisons pour nous plonger dans la perception vraie des choses...
c'est sûrement pourquoi nous y avons si souvent recours...

Pourtant ces "représentations" sont les fruits de notre imaginaire...pure invention de notre part...même si c'est ce que nous avons vu ou croyons connaitre...
et elle ne correspondent pas à la réalité...et se situent dans la tête...


Seule la perception  capte la "réalité" purement et simplement... et nous ne faisons que nous ouvrir...
nous ne devons pas "choisir" ce que nous ressentons
entre nous et la "réalité" n'existe alors ni concept,
 ni notion,
 ni image...

et même si cette "réalité" perçue est subjective;..et n'est point la Réalité vraie des choses que nous ne pouvons percevoir...mais simplement "concevoir" en raisonnement...

Aussi il convient de revoir l'image que nous nous faisons de Dieu qui généralement est un pur concept, une représentation;..une idole !

En se tournant vers la "réalité" subjective nous apprenons à percevoir ce qui "est" à nos yeux...

Nous nous sommes contentés de percevoir nos voies respiratoires... et puis progressivement à travers elle la "réalité" présente.
 L'image éventuelle que nous en avons est sans intérêt et nous nous contentons de la saisir directement
Cette perception de la "réalité" présente préfigure la perception de celle de Dieu au travers de notre corps...
un corps qui n'agit dès lors plus que comme médium


IL est présent..;et nous ne le percevions pas !...

en une troisième leçon nous apprendrons à méditer avec les mains