...ainsiIlIl va retenir ainsi 3 effets ou avantages principaux du Mal.
Tout d'abord l'échec va" dériver" notre activité sur des objets ou sur un cadre plus favorable...rebondir autrement et ailleurs...tout celà restant dans le plan de la réussite humaine...
Deuxième effet : l'homme frappé par le mal
va approfondir sa vie...chercher dans un domaine moins matériel..."à l'abri des
vers et de la rouille"... une compensation à son échec...
l'insuccès ou l'échec joue alors le rôle de gouvernail de profondeur...ou de
sécateur... permettant de canaliser les composantes les plus pures de notre être pour
lui faire atteindre des horizons spirituels...
C'est la voie des grands Saints...la voie de la "Felix dolor" ou de
la "Felix culpa"
Mis il existe aussi... et c'est hélas
le cas le plus fréquent...le cas où notre sagesse est complètement déconcertée,
annihilée :
disparitions prématurées, accident stupide, affaiblissement portant sur les parties les
plus hautes de l'être...
l'homme ne s'en relève pas ...ou du moins demeure très amoindri...sans compensations...
et c'est là que Teilhard nous montre à la suite de beaucoup d'autres que se
trouve le mode le plus sanctifiant et le plus efficace de la Providence... ( on relira
avec profit à ce sujet les textes du Père LOUF)...
ces événements qui apparaissent dans notre vie comme de" purs déchets "vont
devenir facteurs d'Union immédiate avec Lui !...
"S'unir c'est dans tous les cas
émigrer et mourir partiellement en ce qu'on aime...
Mais si comme nous en sommes persuadés, cette annihilation en l'Autre doit être d'autant
plus complète que l'on s'attache à plus grand que soi, quel ne doit pas être
l'arrachement requis pour notre passage en Dieu...
Nous n'avons pas encore franchi le point critique de notre excentration...de notre
retournement en Dieu...
IL faut faire un pas de plus... celui qui nous fera perdre pied à tout nous même
Illum oportet crescere, me autem
minui !...
Quel va être l'agent de cette
définitive transformation ? ... La Mort précisément !
En soi la Mort est une incurable faiblesse des êtres corporels, compliquée dans notre
monde par l'influence d'une chutte originelle...
Elle est le type et le résumé de ces diminutions contre lesquelles il nous faut lutter
sans pouvoir attendre du combat une victoire personnelle directe et immédiate...
Le grand triomphe du Créateur et du Rédempteuir , dans nos pespectives chrétiennes ,
est d'avoir transformé en "Facteur
essentiel de vivification" ce qui
en soi est une Puissance universelle d'amoindrissement et de disparition...
Dieu doit en quelque manière ,afin de pénétrer définitivement en nous, nous creuser, nous évider, Se
faire une place...
Il lui faut pour nous assimiler en Lui,
nous remanier, nous refondre... briser les molécules de notre être...
La Mort est chargée de pratiquer, jusqu'au fond de nous même, l'ouverture désirée...
Elle nous fera subir la dissociation attendue...
Elle nous mettra dans" l'état
organiquement requis" pourt que
fonde sur nous le Feu Divin...et ainsi son néfaste pouvoir de décomposer et de dissoudre
se trouvera capté pour la plus Sublime des opérations de la Vie...
Ce qui par nature, était vide... lacune... retour à la pluralité... peut devenir dans
chaque existence humaine, Plénitude et Unité de Dieu ...."
Dans ce même passage du Milieu Divin ,Teilhard nous invite à prier...unissons nous à lui après un moment de silence...
Mon Dieu,
Il m'était doux au milieu de l'effort, de sentir qu'en me développant moi-même
j'augmentais la prise que Vous avez sur moi...
Il m'était doux encore, sous la poussée intérieure de la Vie... ou parmi le jeu
favorable des événements, de m'abandonner à Votre Providence...
Faites qu'après avoir découvert la Joie d'utiliser toute croissance pour vous faire...ou
pour vous laisser grandir en moi...j'accède sans trouble à cette dernière phase de la
communion au cours de laquelle...
je vous posséderai en diminuant en
Vous...
Après vous avoir aperçu comme Celui qui
est un "plus moi-même"...faites... mon heure étant venue... que je Vous
reconnaisse sous les espèces de chaque Puissance... étrangère ou ennemie... qui
semblera vouloir me détruire ou me supplanter...
Lorsque sur mon corps ...et bien plus sur mon esprit... commencera à marquer l'usure de
l'âge...
quand fondra sur moi du dehors, ou naîtra en moi du dedans, le Mal qui amoindrit ou
emporte...
à la minute douloureuse où je prendrai tout à coup conscience que je suis malade ou que
je deviens vieux...
à ce moment dernier surtout, où je sentirai que je m'échappe à moi même, absolument
passif aux Mains des grandes Forces inconnues qui m'ont formé...
à toutes ces heures sombres... donnez -moi mon Dieu, de comprendre que c'est Vous (
pourvu que ma Foi soit assez grande !)
...qui écartez douloureusement les
fibres de mon être..
pour pénétrer jusqu'aux moelles
de ma substance...
pour m'emporter en Vous...
OUI !
Plus au fond de ma chair, le mal est
incrusté et incurable...
Plus ce peut être Vous que j'abrite... comme principe aimant, actif...d'épuration
et de détachement...
Plus l'avenir s'ouvre devant moi comme une crevasse vertigineuse ou un passage obscur...
Plus si je m'y aventure, sur Votre Parole ...je puis avoir confiance de me perdre ou de
m'abimer en Vous..
d'être assimilé par Votre Corps, Jésus !
O énergie de mon Seigneur !
Force irrésistible et Vivante !...
Parce que de nous deux Vous êtes le plus fort infiniement...
c'est à Vous que revient le rôle de me brûler dans l'Union qui doit nous fondre
ensemble...
Donnez moi donc quelque chose de plus précieux encore que la Grâce pour laquelle vous
prient tous Vos fidèles...
Ce n'est pas assez que je meure en communiant....
Apprenez moi à communier en mourant ! ...
AMEN !
Souvent Teilhard réfutera toute
résignation du chrétien devant le Mal et la Souffrance...il ne s'agit nullement de
"stoïcisme déguisé" mais bien plutôt de nous élever par
delà les réussites ou les pertes humaines à un état de confiance
en Celui qui nous a créé...
Il faut bien sûr lutter de toutes nos possibilités humaines contre le Mal...pour nous
trouver au point voulu...rejoindre Dieu Là où il
nous attend Vraiment...au plus profond du Mal pour nous " serrer contre Lui" à
l'optimum de notre Communion de résignation...
Ainsi donc si le Mal et la Souffrance appellent une résignation aimante et
confiante...un abandon à la manière de Thérèse... et une acceptation ...
il faut cependant se garder de tout fatalisme ou d'une trop rapide résignation qui
enlèvrait toute valeur à l'effort humain dans sa mission évolutive...
Tout est une question d'équilibre...( demandons la grâce d'y parvenir...)
Peut-on aller jusque là ?...au delà de la tranformation que nous pouvons en faire humainement et que nous avons vu au paragraphe précédent ?
Oui , assurément dans l'optique "dynamique " de Teilhard qui pense que dans un monde en évolution vers la perfection chaque "échec" est une voie tentée...et qui se devait de l'être...une expérience ratée et souffrante mais pleinement utile à la réussite de l'ensemble...il avait dejà exprimé cette idée à propos des soldats qui morts au cours d'un assaut avaient contribué pleinement à la victoire...
Ecoutons-le :
"Sur un arbre qui a eu à lutter contre
des accidents intérieurs de son développement...et les accidents extérieurs des
intempéries...les branches brisées, les feuilles lacérées, les fleurs sèches,
malingres fanées sont "à leur place"...elles traduisent les conditions plus ou
moins dfifficiles de croissance rencontrées par le tronc qui les porte...
Le monde, vu expérimentalement à notre échelle est une immense attaque : ses progrès
ne peuvent se faire qu'au prix de beaucoup d'insuccès et beaucoup de blessures...
Les souffrants ne représentent pas des éléments inutiles ou amoindris...ils paient
seulement pour la marche en avant et le triomphe de tous...ils sont des "tombés au
champ d'honneur."..
Allons un peu plus loin...
Dans ce sujet d'ensemble, formé par tous les hommes à la fois et subordonné au Christ
à l'intérieur du "Corps mystique", il y a ( Saint Paul nous le dit) des
fonctions, des organes différents...
Quelle partie pouvons nous imaginer est-elle plus spécialement chargée de sublimer, de
spiritualiser le travail général de progression et de conquête ?
Les contemplatifs sans doute...Mais ausi très certainement les malades et les souffrants...
Par nature, par complexion, les
souffrants se trouvent comme chassés d'eux même...poussés à émigrer hors des formes
présentes de la Vie...
Ne sont-ils pas dès lors, par le fait même... prédestinés...élus... pour le travail qui consiste à faire s'élever le monde au dessus de
la jouissance immédiate...vers une Lumière toujours plus haute ?
A eux de tendre plus explicitement et plus purement que les autres vers le Divin...
A eux de faire respirer leurs frères qui travaillent comme des mineurs dans les
profondeurs de la Matière...
Ainsi ceux-là justement qui portent dans leurs corps affaiblis , le poids du monde en
mouvement, se trouvent par une belle revanche de la Providence, les plus actifs facteurs
de ce Progrès même qui paraît les sacrifier et les broyer...
( l'energie humaine p.61)
Ne retrouvons pas là les accents de Thérèse de Lisieux sur la Voie Royale de la Croix ?... et de la souffrance acceptée et offerte en une oraison sanctificatrice pour l'humanité...??
Mais passons à autre chose...
Dans la spiritualité Teilhardienne, l'Amour
occupe une place importante parce qu'il est l'"Energie fondamentale"...
manifestation de Dieu dans la Création...
Il guide l'évolution du monde, tout en étant inscrit au plus profond des êtres et des
projets humains...il est le moteur de toute l'Evolution...
"Aimez-vous les uns les autres...en
reconnaissant au fond de chacun de vous le même Dieu naissant"...
Cette parole prononcée d'abord il y a 2000 ans tend à se découvrir aujourd'hui comme la
loi structurelle essentielle de ce que nous appelons Progrès et Evolution...
Elle entre dans le domaine scientifique des énergies cosmiques et des lois
nécessaires...
Aimer Dieu et le prochain n'est donc pas seulement un acte de vénération ou de
miséricorde superposé à nos autres préocupations individuelles...
C'est la Vie elle même !... la Vie dans l'intégrité de ses aspirations,
de ses luttes et de ses conquêtes, qu'il s'agit pour le Chrétien ,s'il veut être
chrétien ,...d'embrasser dans un esprit de rapprochement et d'unification personnalisante
avec tout le reste ...
Cet Amour dira Teilhard est la plus
universelle et la plus formidable... et la plus mystérieuse des énergies
cosmiques...nous ne pouvons oublier que si nous sommes...si nous existons c'est grâce à
un élément (Dieu) qui nous donne cette vie ...cette complexité dont nous sommes
formés...et ce , par don gratuit...par don d'Amour !...
A la suite de tâtonnements séculaires les institutions sociales l'ont extérieurement
endigué...canalisé...on feint de l'ignorer dans la science, dans les affaires et dans
les assemblées...
"L'Amour...Il est
partout...immense...ubiquiste et toujours insoumis...il semble qu'on ait fini par
désespérer de comprendre et de capter cette "force sauvage"...on la laisse
donc et on la sent courir partout sous notre civilisation...lui demandant tout juste de
nous amuser ...ou de ne pas nous nuire...
Est-il vraiement possible à l'humanité de continuer à vivre et à grandir sans
s'interroger franchement sur ce qu'elle laisse perdre de Vérité et de Force dans son
incroyable impuissance d'aimer ?..."
On voit cette force fourmiller partout dès
les balbutiements de la vie terrestre...forces moléculaires...forces
d'attraction...chimismes...tactismes.. qui formeront les êtres dont nous sommes
issus...et dont nous nous nourrissosn...
Il se confondra ensuite avec la fonction de reproduction...avec qui hélas pour beaucoup
il semble aujourd'hui être confondu...
alors qu'il est infiniment plus chez l'homme et certainement aussi chez
l'animal...à condition de le comprendre...c'est à dire de l'aimer ...ou l'inverse..
Seul l'amour donne sens et compréhension !...
"Nous n'agissons le plus souvent que
par une infime portion de nous mêmes...
Qu'il mange ou qu'il travaille...qu'il fasse
des mathématiques ou des mots croisés... l'homme ne s 'engage dans ses oeuvres que
partiellement, par l'une ou l'autre seulement de ses facultés...
Ses sens fonctionnent ...ou ses membres...ou sa
raison...mais non le coeur lui-même...
Action humaine mais non action de tout l'homme dirait le Scholastique...
Voilà pourquoi un savant ou un penseur, après
une vie d'efforts sublimes, peut se trouver appauvri...désséché...déçu...
Sur des objets inanimés son intelligence a
travaillé, mais non sa personne...Il s'est donné ...il n'a pu aimer...
Observons maintenant les mêmes formes
d'activité à la lumière de Oméga...
Oméga...celui en qui tout converge (le
tout amour...le créateur de l'amour) et réciproquement
celui de qui tout rayonne...
Impossible de le placer comme un foyer au sommet de l'Univers sans diffuser du même coup
Sa Présence à l'intime de la moindre démarche de l'Evolution...
Pour Celui qui l'a vu, toute chose si humble soit-elle, pourvu qu'elle se place dans la
ligne du Progrès ...s'échauffe...s'illumine...s'anime...et par suite devient objet
d'adhésion totale...
Ce qui était froid et mort...impersonnel pour celui qui ne voit pas...se charge pour ceux
qui voient non seulement de vie...mais d'une vie plus forte que la leur, en sorte qu'ils
se sentent pris et assimilés en agissant, bien plus qu'ils ne prennent et n'assimilent
eux-mêmes...
Là où les premiers ne rencontrent qu'un objet à réaction limité...les seconds peuvent
s'épandre sur la totalité de leurs puissances...aimer passionnément comme un contact ou
une caresse, la plus obscure de leurs tâches...Toute la distance entre une manducation ...et une communion...
A l'intérieur d'un monde à structure personnelle convergente...où l'attraction devient
amour...l'homme découvre qu'il peut se donner sans limite à tout ce qu'il fait. Avec
l'univers en le moindre de ses actes il peut prendre un contact intégral par toute la
surface et la profondeur de son être...Tout
lui est devenu complet...
Mais voici que, à peine ébauchée cette
première tranfiguration de nos activités tend à se prolonger dans une autre
métamorphose encore plus profonde...
Par le fait même qu'elles deviennent totales, chacune pour elle-même, nos opérations se
trouvent logiquement amenées à se totaliser, prises toutes ensembles dans un acte unique...
ainsi seul l'amour est signifiant...et nous ne pouvons porter un jugement de valeur sur les choses que sous la lumière de l'Amour...en aimant ...Mais risquons nous alors de nous dissoudre dans le grand Tout de l'Oméga se demande Teilhard ?...non bien sûr !...
"...dans la direction de l'esprit
l'union différencie...
Il est exact sans doute que si j'ai découvert Oméga , toutes choses me deviennent en
quelque façon la même chose...en sorte que quoi que je fasse, je puisse avoir
l'impression de faire une même chose...mais cette unité fondamentale n'a rien de
commun avec une dissolution dans l'homogène..."
au contraire le relief des éléments rassemblés va se trouver accentué car:
"Oméga le seul désiré ne se forme
pas à nos yeux et ne s'offre à notre contact que dans la perfection des progrès
élémentaires par lesquels se tisse expérimentalement l'Evolution...
L'Amour n'imprègne pas seulement l'Univers à la façon d'une huile qui en raviverait les
couleurs...IL ne relie pas simplement dans une transparence commune la poussière opaque
de nos expériences...C'est un véritable synthèse qu'il opère sur le faisceau groupé
de nos facultés...
Sans s'évanouir le moins du monde dans leurs racines...elles vont tendre à se combiner
dans une résultante commune, où leur pluralité toujours reconnaissable, jaillira en une
ineffable richesse...
Non point interférence ...mais
résonnance....
(l' energie humaine p. 161)
Dans la mondialisation que nous vivons à la fin de ce siècle nous voyons bien à l'oeuvre cette force créatrice que déjà Platon puis Nicolas de Cues avaient déjà pressentis: les fragments du Monde se recherchent...pour que le monde "arrive"...mais il semble bien que les techniques que nous employons ne coïncident pas avec le "flux" de l'évolution...et nous en souffrons ( le plus souvent inconsciement du reste...)
"Mais quel chemin avons nous pris
jusqu'ici pour nous unifier ?...Une situation matérielle à défendre ?...un nouveau
domaine industriel à ouvrir ?...des conditions meilleures pour une classe sociale...ou
pour des nations défavorisées?...
Voilà les seuls et médiocres terrains sur lesquels nous ayons encore essayé de nous
rapprocher...
Quoi d'étonnant si à la suite des sociétés animales nous nous mécanisions par le jeu
même de notre association...l'impact de nos âmes ne s'opère qu'obliquement...comme de
biais ...contact superficiel...et donc danger d'une servitude de plus...
Seul l'(Amour par la seule raison
que seul il prend et joint les êtres par le fond d'eux mêmes, est capable
d'achever les êtres en tant qu'êtres...en les réunissants...
A quelle minute en effet deux amants
atteignent-ils la plus complète possession d'eux mêmes ?... sinon à celle où l'un dans
l'autre ils se disent perdus..."
Utopie cet amour universel ? Un homme ne pouvant donner son amour qu'à quelques rares êtres humains...à quelques proches... ?
"Mais alors ...si un amour universel
est impossible...que signifie donc dans nos coeurs cet instinct irrésistible qui nous
porte vers l'Unité chaque foi que dans une direction quelconque notre passion s'exalte ?
Sens de l'Univers, sens du Tout...en face de la Nature...devant la Beauté...dans la
Musique...la nostalgie qui nous prend...l'expectation et le sentiment d'une grande
Présence...
En dehors des mystiques et de leurs analyses comment se fait-il que la psychologie ait pu
négliger autant cette vibration
fondamentale dont le timbre pour
une oreille exercée se distingue à la base...ou plutôt au sommet de toute grand
émotion ?
Résonnance au Tout... note essentielle de la Poésie pure...et de la pure Religion...
Encore une fois que trahit ce phénomène?...Né avec la Pensée...et croissant avec
elle...sinon un accord profond entre deux réalités qui se cherchent: la parcelle
disjointe qui frémit à l'approche du Reste ?..."
(Le phénomène humain p .293 )
C'est bien sûr dans le couple que se manifeste le mieux du moins à sa plénitude l'amour humain...
Possibilité sans limite et sans repos de contact par l'esprit beaucoup plus que par le corps...antennes infiniment nombreuses et subtiles qui se cherchent parmi les délicates nuances de l'âme...attrait de sensibilisation et d'achèvement réciproques où la préocupation de sauver l'espèce se fond graduelement dans l'ivresse plus vaste de consommer à deux un monde...vers l'homme à travers la femme c'est en réalité l'Univers qui s'avance...
Mais gare à l'amour détourné, falsifié ou salit...à l'amour vrai culte de soi même et de sa jouissance...de l'autre devenu objet de désir ...ou moyen d'affirmer son ego...
Si l'homme ne reconnait pas sa Véritable
nature...le Véritable objet de son amour...c'est le désordre irrémédiable et
profond...
Acharné à assouvir sur une chose trop petite une passion qui s'adresse à TOUT...il
cherchera forcément à combler...par la matérialité ou la multiplicité toujours accrue
de ses expériences un déséquilibre fondamental...
Vaines tentatives...et aux yeux de qui entrevoit la valeur inestimable du "quantum
spirituel" humain...effroyable déperdition !...
Regardons l'atmosphère rougeoyante de nos grandes villes le soir...Là et partout du
reste la terre dissipe continuellement et en pure perte sa plus merveilleuse puissance...
La terre brûle " à l'air libre"...
Combien d'energie pensez-vous , se perd-il en une nuit pour l'Esprit de la terre ?
( l' esprit de la terre p. 40)
De ce gaspillage Teilhard ne cessera de nous
mettre en garde...même si extérieurement les formes sociales sont respectées...si une
apparence d'amour semble règner...on se leurre si facilement...et le chemin si difficile
ne peut se parcourir seul...sans le concours de Celui qui a créé...qui nous donne
l'amour....qui EST l'Amour...
Dangers de l'amour du repli sur soi...de l'egoïsme à deux...l'absorption de l'un par
l'autre ( Phagocytose)...chute dans la jouissance corporelle et retour à la
matérialité...même la procréation pour la seule descendance !...l'enfant...
l'amour se veut tout autre ...
il se veut chemin ...vers Lui...à travers l'autre...et correspondance
au grand flux de l'évolution...
"Par la femme et par la femme seule
l'homme peut échapper à l'isolement où sa perfection même risquerait de
l'enfermer...Il n'est dès lors plus rigoureusement exact de dire que la maille de
l'Univers soit pour notre expérience la "monade pensante"...
La molécule humaine complète est déjà autour de nous un élément plus
synthétique...et partant plus spiritualisé que la personne- individu...elle est une dualité...
Aucun moraliste ni aucun psychologue n'ont jamais douté que les conjoints ne trouvassent une complétion mutuelle dans le jeu de leur fonction reproductrice... mais cet achèvement n'était jamais regardé que comme secondaire...l 'homme et la femme OUI mais pour l'enfant !...
oui certes c'est un minimum...oh ! combien oublié de nos jours... mais ...insuffisant...ainsi Teilhard met en exergue le rôle cosmique de la sexualité...
"Aussi longtemps que les éléments
sexués du Monde n'avaient pas atteint l'état de personnalité, la progéniture pouvait
représenter à elle seule la réalité où se prolongeaient en quelque manière les
auteurs de la génération...
Mais sitôt que l'amour eût commencé à jouer, non seulement entre deux parents, mais
aussi entre deux personnes... alors il a fallu que se découvre plus ou moins
confusément...en avant des amants...le Terme final où
seraient à la fois sauvées et consommées, non pas seulement leur race...mais leur
personnalité...
C'est le" Centre Total" lui-même, bien plus que l'enfant...qui
apparaît comme nécessaire à la consolidation de l'Amour...
L'Amour est une fonction à 3
termes...l'homme, la femme ...et Dieu...
Toute sa perfection et sa
réussite sont liées à l'harmonieux balancement de ces 3 éléments..".
( l'energie humaine p.91)
...mais que reste-t-il à l'enfant?...sinon l'image sublime de la merveilleuse incarnation du divin !...
"L'Amour est le seuil d'un autre
Univers...
Les profondeurs que nous prêtons à la Matière ne sont que les reflets des hauteurs de
l'Esprit...
Au cours d'une première phase de l'humanité, l'homme et la femme reployés sur le don
physique et les soins de la reproduction développent graduellement autour de cet acte
fondamental, une auréole grandissante d'échanges spirituels...
Ce nimbe était d'abord une frange imperceptible...peu à peu c'est en lui qu'émigrent la
fécondité et le mystère de l'union...
Et puis finalement c'est en sa faveur que l'équilibre se rompt...
Mais à ce moment précis, le centre d'union physique d'où la lumière émanait se
révèle impuissant à soutenir de nouveaux accroissements...
Le foyer d'attraction se projette brusquement comme à l'infini ...en avant...
Et pour continuer à se saisir plus
autre dans l'esprit...les amants ont à tourner le dos au corps pour se poursuivre en
Dieu...
Quelque jours après l'éther, les vents ,
les marées, la gravitation...nous capterons pour Dieu les energies de l'Amour...et alors
une deuxième fois, dans l'histoire du monde, l'homme aura trouvé le Feu !
( l'évolution de la chasreté p .64 sur le bonheur et sur l'amour)
Bien que ces admirables textes soient déjà méditation...et prière...je vous invite à la suite de Teilhard à une prière plus directe...avec l'aide de l'Esprit d'Amour et de discernement...
Qu'est-ce à dire Seigneur, sinon que par toute la largeur et l'épaisseur du Réel...par tout son Passé et tout son Devenir...par tout ce que je subis et tout ce que je fais...par les servitudes, les initiatives et l'oeuvre même de ma vie...je puis Vous atteindre...m'unir à Vous...et progresser indéfiniement dans cette union !
Le triple rêve de l'Amour Vous le réalisez
...avec une plénitude inouïe par Votre Incarnation !...
s'envelopper de l'Objet aimé jusqu'à y être noyé...
intensifier sans cesse sa Présence...
et s'y perdre sans arriver à s'en rassasier...
Que la substantielle et mortifiante influence du Christ s'épande toujours plus dans tous les êtres...et qu'elle fonde de là sur moi pour me vivifier !...
Que le contact temporaire et circonscrit
avec les espèces sacramentelles m'introduise à une communion Universelle et perpétuelle
avec le Christ...Sa Volonté omni-agissante...son Corps Mystique illimité...
( le prêtre écrits de la guerre p.297)
Ce que j'appelle, comme tout être du cri de
toute ma vie...et même de toute ma passion terrestre...C'est bien autre chose qu'un
semblable à chérir...
c'est un Dieu à adorer !
Oh! Adorer !...se perdre dans l'insondable....
se plonger dans l'inépuisable...
se pacifier dans l'incorruptible...
s'absorber dans l'immensité définie..
s'offrir au Feu et à la Transparence....
s'anéantir consciement et volontairement à mesure qu'on prend de soi conscience
davantage...
se donner à fond à ce qui est sans fond !...
Qui pourrrons nous adorer ?
Plus l'homme deviendra homme...
Plus il sera en proie au besoin..
à un besoin toujours plus explicite...plus raffiné...plus luxueux...d'ADORER !
Ô Jésus, déchirez les nues de Votre
éclair !
Montrez Vous à nous comme le Fort, l'Etincellant, le Ressucité !
Soyez le" Pantocrator" qui occupait dans les vieilles basiliques la pleine
solitude des coupoles !
Il ne faut rien moins que cette Parousie pour équilibrer et dominer dans nos coeurs la
gloire du Monde qui s'élève...
Pour que nous vainquions avec Vous le monde !...
Apparaissez-nous enveloppé de la Gloire du Monde !
AMEN !
( le milieu divin p.157)
Comment ne pas poursuivre ces réflexions sur l'Amour par la méditation et la prière du texte admirable de "L'ETERNEL FEMININ"...un poême tout entier dédié à la féminité ...et à son incarnation dans notre matérialité..celle de MARIE !...
Eternel féminin ?
suite de l'analyse du chemin de Teilhard ?
retour ?