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La voie rigide de l'Islam...

 

Le noyau de l'Islam est complètement amystique et antimystique écrivait le théologien protestant Kraemer...

L'idée que l'Islam se fait de Dieu le présente infiniment Transcendant, infiniment séparé... clairement détaché... 
...objets et personnes proviennent tous de Lui dans l'ordre de l'existence... 
mais il serait abusif de profiter de cette noblesse d'origine pour affirmer une similitude précise... une parenté entre Dieu et le monde créé...

"Devant ou hors la face de Dieu tout périt"

 

Dans l'ordre de la Volonté souveraine le Seigneur a élaboré de toute éternité ses plans... et il les réalise en toute indépendance... le destin de la créature semble comme écrit d'avance..."suspendu à son cou"...
qui pourrait alors  se flatter de modifier le vouloir divin?...voire même d'essayer de dialoguer...et encore plus d'aimer...

Le premier devoir de chacun est de se soumettre...
c'est d'ailleurs le sens plénier du mot Islam
...

et le mot d'Abd'Allah signifie serviteur... ou esclave...

ainsi nulle amitié... ni même de rapport d'égal à égal
seule existe une relation verticale
Dieu est tout pour l'homme ...
...mais pour Dieu l'homme reste le serviteur distant d'un Maitre peu accessible...

Ainsi  toute prétention à combler l'abîme... à réaliser une situation d'intimité interpersonnelle avec Le Créateur et Maitre constituerai un grave péché contre l'esprit de l'Islam...

La seule attitude qui convienne est celle d'une crainte religieuse...
l'homme n'est que poussière et cendre...
et si on se hasardait à entendre directement Sa Voix on en mourrait...

Dieu ne parle pas directement à l'homme.. .
il dicte d'en haut...
et c'est seulement un intermédiaire... créé lui aussi,
qui apporte à Mahomet les Paroles de Dieu... Ses directives...

Point d'échanges mutuels comme dans la Bible...
il serait sacrilège de traiter Dieu comme un ami...
l'entreprise d'ailleurs serait vouée à l'échec...

Dieu bien qu'il soit bon et bienfaisant ne regarde pas vers les hommes comme un Père vers ses fils... ou un Ami vers ses amis...

Le sentiment capital qui apparait est donc avant tout  la Justice... irritée le plus souvent par les fautes des hommes et leur idolâtrie

La théologie musulmane parce qu'elle développe avec une logique implacable la doctrine de la différence... en éliminant toute relation entre Dieu et l'homme...
endigue les sources de l'expérience religieuse...

Le Coran n'est nullement un traité de l'Amour de Dieu... mais bien plutôt le Livre de la Crainte du Seigneur...

cependant...

Si l'amour d'intimité avec Dieu ne fleurit pas... il y règne  une atmosphère impressionnante de remise totale de soi à la Puissance et à la Volonté du Seigneur... 

...finalement dans une certaine confiance... mais une confiance craintive... une confiance prosternée... 
mais aussi une confiance tenace ... accrochée au vouloir salvateur, indubitable... bien que totalement mystérieux d'Allah...

Le salut n'est pas participation à la vie divine mais témoignage rendu à la Parole...
... et d'abord affirmation d'Unité et de Transcendance dans l'abandon ( Gardet)

Ceux là espèrent et se réjouissent dans la force d'Allah plus qu'en sa bonté...
comme Job ils croiront en Lui et tiendront à Lui... même s'il les fait mourir...
...sans cela où iraient-ils ?

Oui, celui qui est tué ou meurt pour la religion d'Allah sera réuni à Dieu...
mais cette réunion ne signifie nullement face à face...
... seulement séjour bienheureux dans un paradis entre créatures...

Le musulman ne se considère nullement comme l'ami ou le fils de Dieu... 
mais a le sentiment très fort d'être choisi et protégé de son Seigneur...

Ainsi devant ce tableau de l'Islam primitif.. toute voie mystique semble définitivement fermée...

 

Le mouvement Soufi...

un certain nombre de croyants cependant n'abdiquèrent pas...
 ...ni leur liberté fondamentale devant Dieu...  ni leurs droits à une dévotion personnelle...

" L'expérience personnelle intuitive refusa de se laisser écraser et annihiler... elle maintint avec une vigueur croissante la valeur de l'interprétation intuitive de la religion contre son interprétation rationnelle et logique... de cette réaction naquit le mouvement soufi" (Gibb)

Il faut ajouter aussi que le courant mystique  musulman est né lors de l'expansion géographique de l'islam... quand celui-ci vint en contact direct de part son expansion avec des milieux où régnait déjà une tradition d'intériorité et de contemplation personnelle:
c'est à dire au contact du Christianisme hellénisé ou de la  Mystique Juive...
...voire de l'Hindouisme ...

 Le mot soufi vient de suf (= laine rude.)..celle dont se revêtaient les ermites d'alors...

L' idée de base était de dépasser la crainte du Seigneur ...
pour entrer dans l'amour désintéressé d'un Créateur qui les aime et qu'ils veulent aimer...

Ils prônaient donc le contact  avec LUI et déclaraient y parvenir par les voies purifiantes de l'ascèse et de la pauvreté...
 mais aussi par l' Illumination qui couronnait cette marche...

Pour eux une pareille expérience de Dieu dépassait toute conquête et tout bonheur en ce monde...

Ainsi on les entend parler de Bonheur indicible... de Lumière éblouissante... d'ivresse...
avant de finalement de renoncer à dire ...l'indicible... ( apophase)

Quiconque a fait cette expérience est désormais soudé à Dieu ( Tawhid)...arraché à lui même par une sorte d'anéantissement ( Fana)...il n'aime plus que Dieu ... dont il veut être le Témoin devant le peuple...

C'est une immense littérature qui apparait alors... nous ne pouvons qu'en citer quelques étapes et quelques figures ...
et ne pas  oublier ceux qui n'ont rien écrit...
 

Hasan al Basri ( mort en 728)

" Celui qui connait Dieu le regarde comme un Ami... et celui qui connait le monde le regarde comme un ennemi"...
tel est son message...

Il fait dire à Dieu:

"Quand mon serviteur devient entièrement occupé de Moi... alors je fais consister son bonheur dans le souvenir de Moi...
alors il me désire et Moi je le désire... et quand il me désire et que Je le désire ... Je lève les voiles entre lui et Moi"

Ainsi assiste-t-on du 7e au 9e siècle ...et à sa suite  à l'apparition des fondements de la dévotion d'Amour... de la science des coeurs...

 

Muhasibi

on doit à Muhasibi ( harith Ibn Asad al-Muhasibi mort en 857) un des disciples  de Hasan al Basri d'avoir insisté sur la préparation ascétique...
...pour lui le monde est la prison du croyant, il n'y trouve ni joie ni plaisir...

Selon lui ce qui prédomine dans le coeur du Mystique tandis qu'il est à sa prière, c'est le sens du Mystère de Celui en Présence de qui il se tient...
 c'est l'expérience de la Puissance de Celui qu'il cherche,
c'est l'Amour de Celui qui lui accorde la grâce de sa familiarité...

c'est tout cela qu'il expérimente jusqu'à ce qu'il finisse de prier...
... alors il quitte la prière avec un visage tellement changé que ses amis ne le reconnaissent pas
... à cause de la crainte sacrée qu'il éprouve devant la Majesté de Dieu...

les soufis dit-ils sont appelés à l'Amour par Dieu même

" Il a choisi pour l'aimer des âmes bien déterminées
Il les a choisies dès avant le commencement des temps
Il les a choisies avant même de produire Sa création
Elles sont les dépositaires de sa sagesse et de ses manifestations"

Les soufis cependant prennent soin de surveiller leurs expressions pour ne pas trop heurter une orthodoxie sourcilleuse... ainsi si l'on se trouve dans la compagnie du Bien Aimé, et si l'on parle avec un invisible ami ...l 'homme ne devient jamais Dieu ... même si l'homme lui peut habiter en Lui...


A partir du IXe siècle

sous l'influence des idées monistes des Persans, des Irakiens ou des Afghans.. .on commence à parler de s'anéantir en Dieu... on devient même Lui...

Al-Bistami

C'est le cas notamment chez Al -Bistami qui aura l'audace d'affirmer qu'il a abandonné son moi comme un serpent abandonne sa peau et même " Je ne suis pas moi, moi,  car je suis Lui "

ou
" Au début je me suis trompé de quatre façons car je me faisais souci de penser à Dieu, de Le connaître, de L'aimer et de Le chercher...
Quand je suis arrivé au terme, j'ai vu qu'Il avait pensé à moi avant que je pense à Lui...
Il m'avait connu avant que je Le connaisse...
m'avait aimé avant que je L'aime,...
m'avait cherché avant que je Le cherche...
Trente ans durant le Dieu très aimant fut mon miroir;
maintenant je suis mon propre miroir...
Ce que j'étais je ne le suis plus.
En effet: Je et Dieu c'est du polythéisme... une négation de Son Unité...
Puisque je ne suis plus... le Dieu Très haut est mon propre miroir...
Si je dis que Dieu est le miroir de moi même c'est qu'avec ma langue IL parle

...Moi j'ai disparu "

Massignon a été extrêmement frappé par la tendance à l'annihilation de la personne et du monde ainsi manifesté par ce rude poête Persan

Ainsi l'Expérience Suprême serait de négation, et en quelque sorte d'échec malgré des expressions les plus triomphales...
le dernier mot de sa doctrine serait: " je reconnus que tout cela est tromperie"...tout cela incluant le monde mais aussi l'ensemble de l'expérience spirituelle...

le Mystique qui s'était comparé à un oiseau ...retombe sur le sol ou meurt dans le vide...

Mais au delà du vol de l'oiseau jusqu'à l'Unicité se situe une expérience plus profonde...
comme le montre bien ce texte étrange et difficile...

" Je n'atteignis l'esplanade du non-être et je cessais de voler dix ans jusqu'à passer du NON dans le NON et par le NON...

Puis j'atteignis la privation qui est l'esplanade du tawhid...et je ne cessais de voler par le NON dans le Manque...
jusqu'à ce que je manque du manque dans le Manque et sois privé de la privation par le NON dans le NON... dans le Manque de la Privation même...

J'atteignis alors le Tawhid dans le distancement de la création d'avec l'initié et de l'initié d'avec la création..."

Pour Gardet interprétant ce texte difficile cela veut dire qu'il faut passer par l'exclusion et le renoncement de tout acte et de tout objet, par l'abolition vécue de de toute intelligibilité jusqu'à arriver à  l'expérience vécue de l'infini richesse ontologique de son propre acte d'être...
hallucinante convergence avec les ultimes nesciences intellectuelles du Yoga...

Ainsi Al-Bistami a cherché à rejoindre l'infinité en acte de Dieu même...
il a trouvé la potentialité illimitée du Soi... il a confondu ces deux abîmes...

On ne peut approuver cette confusion mais on peut comprendre cette erreur
Si en s'exposant son amour s'est trompé d'objet... l'intention était haute et l'effort héroïque...

Al- Hallaj

c'est un Persan du Xe siècle

Il prétend que dans l'union consommée en Dieu, les actes du Saint tout en restant les siens sont entièrement divinisés... le Mystique devient ainsi l'organe vivant et libre de Dieu...
...pas étonnant qu'il soit mis à mort en 922 sur une croix après d'horribles mutilations...

Son idéal?

<< Entre toi et moi, un c'est moi me tourmente
Ah de grâce , enlève par Ton: " c'est Moi"
Ce " c'est moi" d'entre nous-deux>>

 

le voies ne sont pas classiques... il est vrai qu'il s'estime élu comme témoin venant de Dieu...
son cheminement est cependant empreint d'aridité et son remède inévitable...
"la condition pour recevoir le don de la sagesse c'est d'annihiler tout ce qui vient de toi"

" d'abord recueillement, puis silence... puis connaissance,...survient alors la découverte et la mise à nu..
mais tout cela ce sont que des phrases ... accessibles seulement pour ceux pour qui tout ce bas monde ne vaut pas plus qu'un sou"

Il convient de dépasser la pratique... et son expérience est entièrement basée et consommée dans l'Amour unifiant...
s'il dit " me voir c'est LE voir" ...c'est que je n'existe que comme effet de la  Cause Première......un effet permanent que je reflète par mon être même...

"Il y a une Ipseité Tienne au fond de mon néant"

mais si nous dépendons de Dieu..LUI ne dépend aucunement de nous...

Purement orthodoxe dans l'idée de la Transcendance de Dieu... de l'impuissance de l'homme... et de la grâce qu'appelle la prière ...son monisme reste limité... on reste deux... le moi et le toi ...

" Tu t'es manifesté au point qu'il me semble que c'est toi même qui es en moi"

le rôle de la souffrance est remarquablement perçu comme indispensable à tout Amour Mystique...et en tout amour Vrai...

" La souffrance c'est LUI même tandis que le bonheur vient de LUI "


Une Mystique dévorante n'est pas encore totale ...mais au fur et à mesure que l'âme se rapproche de son Dieu Celui-ci l'envahit... et L'exige de plus en plus...

Nous l'avons dit: Il mouru sur une croix... et donc a expérimenté  lui-même jusqu'au bout que le Vrai Amour ne peut être que crucifiant et crucifié... jusqu'à l'extrême sacrifice...

 

Janayd  ... le prudent (mort en 910)

est plus orthodoxe que ses prédécesseurs..

Pour lui le Mystique doit plonger dans l'océan de la divine unité, " s'anéantir en soi même" pour être envahit par Dieu...

Quand Dieu dit à l'homme" Sois ! "le Mystique doit répondre " en Toi !"...
et Dieu lui dira alors :" oh ! Toi-Moi !"

Cet abandon de soi est le fana... la rentrée en Dieu le tawhid

Selon lui il existe des degrés...
l'homme, anéantit d'abord ses dimensions matérielles tout en conservant une personnalité purement spirituelle par laquelle il jouit de Dieu en Dieu... 
ensuite cette personnalité spirituelle est elle même effacée...

Une étude plus approfondie montrerai que Junyad est orthodoxe..
il reconnait nettement la distinction et la distance entre Dieu et l'homme...
le fana et tawhid qu'il présente n'étant pas celui de notre existence fondamentale... mais seulement le retour en Dieu de tout ce que l'homme considère comme soi et sien...
le retour à la Suprématie absolue du Seigneur...

 

Ibn-Sina (980-1037)

l'occident médiéval le connait sous le nom d'Avicenne

Son itinéraire préconise des "exercices" de distancement et de détachement à la manière de Saint Ignace de Loyola... qui ouvrent l'homme à agir, à vivre comme un esprit pur...  indépendant du corps... 
alors il peut discerner la Lumineuse Vérité qui englobe ,soutient et irradie  toutes les autres....

...purifié il est apte à désirer et à recevoir l'irradiation de l'Être premier...

...il désire car comme tout existant il souhaite ardemment atteindre sa perfection... ne la trouvant dans aucune lumière finie... il remonte de proche en proche vers le Suprême...

cependant ce qu'il désire ainsi l'intellect est incapable de l'atteindre seul... il doit donc le recevoir...

Cette rencontre ira de progrès en progrès... en durée et en intensité...
d'abord des moments exceptionnels et discontinus...
pour arriver finalement à être continuel...

d'abord limité au regard....
puis noyant le regard et le regardant... 
avant de faire disparaître l'âme elle même dans l'illumination... comme le miroir reflétant le soleil disparait dans l'éclat de celui-ci...

...l'âme se perd dans la Lumière et dans la Joie... elle même n'a plus conscience de soi... et ce qui est saisi c'est bien la Vérité première elle-même...
et non une autre Vérité que la Première éclairerait...

...mais pas immédiatement elle même... seulement dans le miroir de notre âme...

La vision n'est donc pas fusion... pas de monisme donc...

Alors se voir ainsi comme traversé par l'influx créateur est-ce la mystique pour l'âme ?
Oui... s'il s'agit bien d'une Lumière Divine... qui n'est pas conquise mais reçue passivement
et...Non... en ce sens qu'elle est de même nature à tous les niveaux de l'expérience connaissante ...

Le système  d'Avicenne parait d'ailleurs plus philosophique et intellectuel... que vécu et brûlant dans le coeur...
un jour Avicenne aurait reconnu en parlant d'un soufi tout rempli d'amour ardent:

"Tout ce que je sais , lui le voit !"...

et lui aurait répondu...

"Tout ce que je vois... lui le sait..."

Mais il faut parfois mieux voir que savoir... quitte à être aveuglé...

 

Ali-Ghazzali ( 1059-1111)

propose lui une mystique d'amour...

Il mentionne certes la crainte de Dieu qui consiste à l'obéissance au Seigneur sans lequel on arrive à rien... mais la crainte n'est qu'un commencement... et il faut arriver à l'Islam... la remise totale dans les mains de Dieu...

Malgré l'opinion orthodoxe qui le tient à distance ...Dieu "aime" et il faut L'aimer...
par intérêt, par reconnaissance... et surtout sans retour... 
par pur Amour de celui qu'on aime

On n'arrive à ce sommet que par étapes... 
la musique et la danse y trouvent leur part...
elles permettent l'extase qui vient de la relation mystique établie par Dieu entre le rythme musical et l'esprit de l'homme...

Point de rencontre ou de fusion ?

après avoir affirmé ( par prudence) que l'Être Suprême est sans qualification 
 il avance que l'âme humaine est telle aussi dans son essence secrète... 
il affirme aussi que dans le parfait "tawhid "rien n'existe que l'Unique...
et que dans l'état suprême de l'âme celle-ci a pour existence ni plus ni moins Dieu...

 

Ibn al farid ...le poête (1081-1135)

à travers toute son oeuvre poêtique et toute une symbolique tirée de l'amour profane s'exprime un monisme éclatant... jusqu'à l'unicité ittihad  obtenue après une longue ascension progressive de l'âme...

 C'est l'exemple presque parfait de la dérive soufie... partie de la considération de l'unité entre Mahomet et Dieu dans l'acte du témoignage... et qui vient à affirmer l'unité entre le soufi et Dieu au plus profond même de sa nature et de de son être......
la personnalité humaine étant progressivement ainsi effacée au point que l'âme peut s'exprimer comme Dieu...

Même la conscience de la disparition... disparait ..." La disparition de la disparition ( fana) étant la fin ( le but et le terme) de la disparition"

" J'étais indubitablement Celui que j'aimais"

le poète devient ainsi non seulement conscience divine mais âme du Tout

la finale du poème qui rassemble les idées de l'auteur est plus hautaine encore:

"Mes contemporains s'abreuvent d'un superflu que j'abandonne. Quand à ceux qui m'ont précédé leurs mérites me sont superflus..."

On ne retrouve ici ni l'humilité des meilleurs soufis, ni la distinction nette du Coran...

 

Ibn-al- arabi  

marquera un retour vers un monisme affirmé... la tâche du soufi ne consistant plus alors que de retourner du Je à l' IL puis de l' IL à l'UN... 
réaliser en quelque sorte que Dieu et Soi êtes identiquement UN

Il ne s'agit que de prendre conscience de cette identité qui en profondeur n'a jamais cessé d'exister... cette vue  substitue au tawhid ...l'ittihad ( identification mystique)

et cela s'affirmera encore par la suite...

en effet a partir du 12e siècle la mystique musulmane s'entoure d'une multitude d'images, s'enrichit d'un vocabulaire de plus en plus poétique, se systématise en constructions de plus en plus élaborées toutes tournées vers l'identité...

la  mystique manque alors de plus en plus de sobriété et de simplicité ...elle multiplie ses exposés... sans approfondir ses expériences... elle prend la poésie pour la prière ou l'écho pour le chant originel...

elle se revêt peu à peu d'un certain ésotérisme fait d'élitisme et de prudence face à une orthodoxie de plus en plus sourcilleuse...

et simultanément la mystique s'éloigne de plus en plus du franc et sain monothéisme... et dérive lentement vers un monisme philosophique inspiré par les philosophes...

finalement  et de ce fait elle se fait alors  plus froide que celle des anciens qui eux recherchaient en Vérité un dialogue entre deux coeurs...

le mouvement s'éteindra alors ...se résolvant en une multitude d'ordres ou de confréries religieuses dont les plus marquées se développèrent au Magreb et en Egypte au 18 et 19e siècle avec Ben Aliwa (1872-1934) qui sut gagner les intellectuels occidentaux de haute culture...
Il se dissoudra peu à peu en mouvements révolutionnaires ou factions nationales ou politiques d'accord avec les réformistes salafiyya, les whahagbites d'arabie et les frères Musulmans...mais le soufisme populaire lui a vécu ...
...encore qu'un certain renouveau fut signalé récemment au Maroc...

 

Pour conclure

Vous l'avez certainement bien senti tout au long de ces lignes...à côté des grands mouvements religieux authentiques que sont le Bouddhisme ou l'Hindouïsme ...l'Islam parait bien formel...enfermé dans son carcan dogmatique... face à un Dieu tout puissant et écrasant...dont les croyants sont les esclaves soumis et muets...
Le phénomène soufi est vraiment trop marginal...mais cependant témoin des semences de l'Esprit...

Certes nous avons à redécouvrir l'idée de la Transcendance de Dieu que nous propose d'Islam... à redécouvrir notre dépendance absolue vis à vis du Très Haut...redécouvrir les remerciements que nous lui devons en échange dans la prière quotidienne ...mais l'Islam nous ramène souvent aux mouvements extrémistes de la Bible ... aux Pharisiens de sinistre mémoire...et aux dogmatistes de tout bords...

Par ailleurs l'orthodoxie, l'intolérance, le fanatisme et la liaison aux états politiques font de l'Islam un bloc bien difficile à apprécier pour nous chrétiens...
Il n'en reste pas moins que le dialogue doit se poursuivre...car le Dieu vénéré est le Dieu de la Bible...tout au moins en Nom...par delà les grilles d'interprétations que peuvent en faire les hommes...

Devant un telle aridité il ne reste qu'à appeler un souffle...ce sera celui de l'Esprit...celui de l'Incarnation par Amour...seul capable de détremper les sols et de faire germer les semences...

 

Pour en savoir plus on pourra lire avec profit: Mystiques d'Asie de Robert Masson DDB et Mystique musulmane de Anawati et Gardet ( librairie Vrin) et dont sont extraites les idées de ce texte

Venez discuter sur le forum inter-religieux mis à votre disposition...vous trouverez aussi prochainement dans cette section une sélection des meilleurs sites islamiques