Petite fille ramassant du bois
Pour le manioc il faut
couper le fourré pour trouver les tubercules ...heureusement que les machettes
sont là... mais c'est lourd pour tout ramener...
le travail des indiens cela ne se voit pas ...mais ça s'éprouve...
transport de pousses de manioc
bêchage pour replanter le manioc
installation des pousses
Parfois l'abattis est loin... car autrefois le village se
déplaçait tous les 5-6 ans pour renouveler les zones de prélèvements et suivre
l' abattis... les wayanas étaient des errants...
cela permettait aussi de chasser les souvenirs douloureux... et de s'éloigner des
oloks malfaisants...
mais la civilisation occidentale n'aime pas le nomadisme... ces gens qu'on ne
contrôle pas et disparaissent parfois sans raison...
alors ils s'en sont fait une...
mais aux prix de plus d'efforts... est-ce la solution?
même rapporter des bananes est difficile
et puis faut faire attention aux petits serpents verts très venimeux qui s'y
glissent parfois
*
La baignade était là pour retrouver des forces... et trouver quelques "yayas" ou quelques coquillages.. pour l'apéro...
Jess prépara même des
crêpes dans la maisonnée de la belle
Okumi ( bruits de la pluie sur la rivière)....aux petits seins naissants...
il avait trouvé des oeufs... et du lait en
poudre ( au petit magasin)...
et obtint un vif succès... de maître coq
Serait pas étonné qu'il aille pour la sieste faire un tour dans son hamac un de
ces jours... pour qu'il pense aux préservatifs ( je tiens pas qu'il transmette
son mal) je lui ai mis en évidence dans son
sac..
ça a bien
fait rire les gosses qui curieux de tout qui ont déjà fouillé nos affaires !
l'après midi : on a discuté avec les jeunes... de notre vie
d'ermite...
que comme eux nous aimons vibrer au son du vent et aux frémissements de la forêt
les journées enneigées et froides
ils voudraient tant venir visiter... et pas de photos à montrer...
comment expliquer les difficultés et la dureté de la vie en europe..
sa
tristesse aussi...
travail, argent, déplacements, contrainte, ennui
Mais les
plus grands dont certains ont déjà séjourné en France
sont assez critiques sur leur société
où l'on vit au ras des émotions, des sentiments et de la moindre contrainte ce
qui conduit à leur disparition...
Finalement le match de foot n'a pas eu lieu... le soleil était trop chaud et le rideau de nuage qui habituellement vient atténuer les ardeurs de Phébus l'après midi et arroser les plantations et le gazon n'était pas au rendez-vous... ce sera pour demain c'est sûr
Le soir au
dîner chez le grand chef nous avons décidé de partir au milieu
de la semaine prochaine : on se plait bien ici ... et lui doit se faire soigner à Maripasoula
quelques jours ce qui tombe bien
certes
nous avons échangé plus difficilement qu'avec les jeunes mais lui est du côté
de la tradition même s'il est ouvert à la modernité... question d'âge
On a parlé de
son passé...
comment les orpailleurs brésiliens
avaient tué son père et qu'il avait du fuir vers le Nord et était arrivé sur le
Maroni...
comment les portugais jadis armaient d'autres tribus pour les réduire en
esclavage.. et qu'ils avaient du lutter pour conserver leur liberté
comment les brésiliens les payaient pour qu'ils chassen ou capturentt des
animaux protéges et les leurs fournissent
comment désormais c'était encore plus difficile de lutter contre
l'occidentalisation encore plus insidieuse et ses maux pollution, prostitution,
drogue, banditisme...
combien il était difficile d'assurer un équilibre entre l'intégration au
progrès.. .toute en le "wayanisant"... c'est à dire en préservant ce qui fait le
sel de la culture wayanaise
Il nous a invité à la chasse du
surlendemain... nous n'avons pas pu
refuser...
mais je lui ai dit qu'il ne devait pas compter sur nous pour
tuer...
certes
pour porter ou dépecer bref aider... on serait là
seul Nat a dit lui qu'il voulait apprendre à tirer...
de toutes façon c'est une bonne façon de côtoyer les animaux de la forêt
Par chance
sa femme avait fait du poisson ...un plat de fête : Mëkunë (petits
poissons cuits dans des feuilles de Wai ( sorte de palmier)et de konomija
( Gingembre) avec des ananas cuits le tout sur un lit de riz et de la cassave
et arrosé par de la bière de Manioc ( plus fort que le cachiri... et meilleur !)
et puis on fumé de l'herbe... entre hommes... Jess aussi ! ...et Nat quelques bouffées...
je sais ce que vous pensez... mais non mais non... l'herbe et les champignons sont des
vieilles traditions indiennes... et
une sainte voie de spiritualité !
des tisseurs de rêves ...qui conduisent dans le monde des esprits...
Il m'a présenté
aussi Maïtiya son ainée......
Jess m'a dit à l'oreille que j'aurai du mal à
refuser quand on sera chez lui......et ça l' a bien fait rire...
J'avoue que c'est une fille superbe... avec
un admirable peau cuivrée ( très important chez les wayanas) des lèvres pulpeuses... et des
jambes effilées...
17 printemps... étudiante à Kourou... très douée en poterie
enfin bref !
Lui ne quitte plus les rives du Maroni.. .même si il y a une dizaine d'année il
est allé à Montpellier avec son fils ainé qui faisait des études...
un aller-retour... sur une autre planète... histoire de dire qu'il est
branché... mais nulle envie d'y rester...
Nat est
resté dormir chez eux...
Nous sommes repartis tard avec Jess et avons longuement admirer en silence la
forêt dans la nuit en écoutant toute sa symphonie, ses frémissements, ses
plaintes... bref sa vie en son mystère
Jess heureux s'endormit sur mon épaule et Igor vint me retrouver "en couinant"
comme pour me montrer quelque chose
...un
Cabiai , un agouti, rongeur local et sympathique qui tient à la fois du
cochon d'Inde ( de plus d'un mètre) et du rat ou du lièvre par la couleur du
poil. Végétarien il a les pattes palmées... et il vaut mieux le surveiller car bien
sûr il adore toutes les plantations et a un appétit dévorant...
Le problème c'est qu'il transporte avec lui des tiques assez douloureuses même
pour l'homme mais dont lui ne semble pas affecté...
un nouvel ami qu'Igor aura à l'oeil !
ce soir encore c'est grâce et avec mes loupiots.. et à mon chien fidèle et sûr que je serai heureux...
Mes jeunes gens ne travaillerons jamais
les hommes qui travaillent n'ont pas le temps de rêver
et la sagesse nous vient par nos rêves
Vous nous demandez de labourer la terre
?
Dois-je prendre un couteau et déchirer le sein de ma mère
Si je fais cela quand je mourrai
elle ne voudra plus me prendre elle pour que j'y repose
Vous me demandez de creuser pour trouver
de la pierre?
Dois-je creuser sous sa peau pour m'emparer de ses os?
Si je fais cela quand je mourrai
je ne pourrai plus rentrer en elle pour renaître
Vous me demandez de couper l'herbe, d'en
faire du foin ?
de le vendre pour être "riche" comme les hommes blancs ?
Mais comment oserai-je
couper les cheveux de ma mère ?
Smohalla,( indien nez-perçé)
*
Que voulez-vous faire maintenant ?